Minéraux critiques: Le succès de la filière batterie « pourrait être menacé »

Il manque actuellement de minéraux critiques au Canada pour répondre à la future demande des grandes usines de batteries, selon un document gouvernemental qui souligne les lacunes majeures dans la chaîne d’approvisionnement. Des dizaines de milliards de dollars devront être investis pour ouvrir cinq fois plus de mines qu’à la normale d’ici 10 ans, faute de quoi le succès des usines de batteries « pourrait être menacé ».

Les multinationales Volkswagen, Northvolt, Stellantis et LG « nous ont dit qu’elles se sont établies au Canada en raison de l’accès aux minéraux et qu’il est peu probable qu’elles soient en mesure [de fabriquer des batteries] avec une stratégie qui dépend de l’importation de minéraux », lit-on dans un document gouvernemental qui relate une réunion d’un comité sur la croissance propre à laquelle ont participé, en décembre dernier, des fonctionnaires de haut rang de plusieurs ministères fédéraux.

« Sans un approvisionnement sécurisé en minéraux essentiels, le succès des usines de batteries pour véhicules électriques pourrait être menacé », lit-on dans cette analyse initialement dévoilée par The Logic.

Or, le Canada serait actuellement dans une situation pour le moins délicate. On y apprend que la quantité de minéraux critiques extraits des sols canadiens – dont le nickel, le graphite et le lithium – est loin de pouvoir fournir la filière batterie : « Le Canada détient moins de 50 % de la production minérale nécessaire et moins de 25 % de la production intermédiaire nécessaire pour approvisionner quatre usines de batteries pour véhicules électriques. »

Rattraper ce retard aura un coût. L’analyse avance que des investissements totalisant 24,1 milliards de dollars seront nécessaires « pour satisfaire 100 % de la demande » en minéraux critiques de ces usines et « rendre le Canada autosuffisant » à l’égard de ces éléments. Sans cette production, les usines de batteries dépendront largement des importations.

Le Canada est aujourd’hui dans un contre-la-montre. « Quinze mines supplémentaires doivent ouvrir au cours de la prochaine décennie. […] Le rythme d’ouverture de nouvelles mines de métaux pour batteries doit quintupler d’ici 2035 pour soutenir pleinement la production nationale de batteries », lit-on dans le document. Un défi majeur étant donné qu’une mine prend normalement 16 ans avant d’être en activité.

Contacté par La Presse, le cabinet du ministre des Ressources naturelles du Canada estime que le succès de la filière n’est pas menacé. « L’industrie minière canadienne est sur une trajectoire ascendante », répond par courriel la directrice des communications du ministère, Joanna Sivasankaran.

Elle rappelle qu’Ottawa déploie des mesures pour favoriser cette filière comme des investissements dans des infrastructures, des crédits d’impôt pour l’exploration et « un plan visant à réduire la paperasserie réglementaire afin que les bons projets soient construits plus rapidement ».

Éviter les vulnérabilités

Dans sa Stratégie sur les minéraux critiques publiée en 2022, le gouvernement rappelait la présence notable de ces éléments sur le territoire. Ce potentiel minier était alors présenté comme un avantage stratégique à l’égard de la Chine, par exemple.

On y écrivait : « Les alliés européens du Canada ont récemment vu ce qu’il en coûtait de dépendre de pays aux valeurs différentes des nôtres pour l’approvisionnement en produits stratégiques comme le pétrole et le gaz ; et l’on souhaite ardemment éviter ce genre de vulnérabilités dans les marchés émergents tels que les minéraux critiques. »

Depuis 2023, les annonces dans le secteur se sont multipliées. Une filiale de Volkswagen, une coentreprise formée de Stellantis-LG Energy Solution et le constructeur Honda ont successivement annoncé la construction d’usines de fabrication de batteries en Ontario. Pour sa part, la suédoise Northvolt a choisi la Rive-Sud de Montréal pour s’installer.

Ces investissements privés totaliseront plus de 46 milliards de dollars canadiens, selon des documents gouvernementaux consultés par La Presse. Dans le cadre des ententes avec les trois premières usines, l’aide gouvernementale se situera entre 4,6 milliards et 15 milliards de dollars canadiens pour chaque usine, pour un total de 32,8 milliards de dollars canadiens, dont un tiers du coût sera pris en charge par l’Ontario et le Québec.

Plusieurs questionnements

« La chaîne d’approvisionnement en minéraux pour le secteur des batteries est dans ses toutes premières phases de déploiement en Amérique du Nord », a écrit par courriel une porte-parole de Northvolt au Québec, Emmanuelle Rouillard-Moreau, après avoir été questionnée sur le défi d’approvisionnement en minéraux critiques : « Des investissements comme celui que nous déployons au Québec peuvent soutenir et stimuler le développement de cette chaîne. »

Quant à lui, le spécialiste des matériaux énergétiques à Polytechnique Montréal, Gregory Patience, avance des questionnements quant à l’impact de ce déséquilibre entre la production de minéraux et la demande des futures usines.

Tout d’abord, il y a cette capacité à ouvrir autant de mines en si peu de temps. « Même si 15 nouvelles mines [de minéraux critiques] entraient en opération d’ici 10 ans, comment les usines de batteries vont s’alimenter d’ici là ? Elles devront importer ? »

M. Patience rappelle que plusieurs des mines projetées pourraient ne pas voir le jour : « Ce n’est pas parce qu’il y a un projet minier qu’il sera un jour en activité. Il est lui-même en compétition avec d’autres productions à travers le monde. »

Source: lapresse.ca

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