« Le secteur minier, un domaine résilient malgré l’insécurité » Aristide BELEMSOBGO, Directeur Général des mines du Burkina Faso

Malgré les défis sécuritaires auxquels le Burkina Faso est confronté depuis 2016, le secteur minier demeure un pilier majeur de l’économie nationale. Avec 16 mines d’or en exploitation dont la production annuelle dépasse 50 tonnes, le pays se place parmi les cinq principaux producteurs d’or en Afrique, selon le classement 2023 de World Mining Data. Le Directeur général des mines, Aristide BELEMSOBGO, estime que le secteur minier est résilient et demeure un pilier majeur pour l’économie nationale malgré le contexte d’insécurité. A l’occasion de la 5e édition de la semaine des activités minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO), il se montre optimiste pour l’avenir de ce domaine.

Quel est l’état actuel des activités minières au Burkina Faso ?

Le Burkina Faso, malgré des défis sécuritaires, affiche une résilience remarquable dans son secteur minier. Depuis 2018, le pays a consolidé sa position parmi les cinq principaux producteurs d’or en Afrique, dépassant les 50 tonnes annuelles grâce à ses 16 mines d’or. En 2022, bien que certaines mines restent fermées temporairement, la réouverture réussie de mines telles que KARMA et TAPARKO témoignent des efforts des autorités pour sécuriser

le secteur. Concernant les perspectives, la construction de la mine de KIAKA, le projet OPOR, la relance de l’ancienne mine de POURA, et d’autres projets miniers en cours de développement signalent un avenir prometteur pour l’exploitation minière industrielle au Burkina Faso. Les recherches géologiques et minières continuent malgré un ralentissement, avec des projets « brownfield » et « greenfield » visant à stimuler l’emploi et le développement communautaire. Le Burkina Faso cherche à diversifier ses ressources minérales pour réduire la dépendance à l’or et atténuer les fluctuations de cours. Des minéraux stratégiques tels que le lithium, le cobalt, le cuivre, et le manganèse sont ciblés. L’artisanat minier fait également l’objet d’une réorganisation et d’un encadrement visant à formaliser le secteur. Des sites artisanaux ont été définis, et des actions sont entreprises pour gérer les résidus miniers de manière responsable.

En dépit des difficultés, le potentiel géologique et minier du Burkina Faso attire les investisseurs, positionnant le pays comme l’un des plus attractifs en Afrique pour les projets miniers. L’avenir du secteur minier semble prometteur, soutenu par la diversité des ressources à explorer et à valoriser. Le Burkina Faso conserve ainsi une position solide dans le paysage minier africain.

Quelle a été la contribution du secteur minier dans le budget de l’État sur les 3 dernières années ?

La contribution du secteur minier au budget de l’Etat ces dernières années est considérable et a connu une augmentation au fil des ans, au regard d’une part de l’augmentation de la production minière, du cours de l’or et de celui du dollar. En 2020, la contribution du secteur minier au Budget de l’Etat était d’environ 330 milliards, pour environ 430 milliards en 2021 et 540 milliards en 2022 (Annuaire statistique MEMC 2022). Ce qui fait une contribution totale en trois (03) ans d’environ 1300 milliards de FCFA (environ 2 milliards de dollars US).

Selon le ministre des Mines, Simon-Pierre Boussim, le secteur minier a enregistré une baisse de 13,73% en matière de production d’or en 2022. Quelles sont les prévisions du secteur pour l’année 2023 ?

En 2022, la production minière aurifère a connu une baisse (production d’environ 58,2 tonnes) comparativement à la production de 2021 (production d’environ 67,4 tonnes). Cela est en partie lié, comme dit précédemment, à la situation sécuritaire qui a entraîné l’arrêt de la production des mines de YOUGA, NETIANA, TAPARKO ET KARMA et de OUARE pour un manque à gagner d’environ six (06) tonnes d’or. En 2023, avec la reprise de certaines mines, l’entrée en pleine production de la mine de BOMBORE (société OREZONE), la production connaîtra une légère augmentation par rapport à celle de 2022. Au 30 juin 2023, la production d’or fin était d’environ 27,527 tonnes (Rapport semestriel de la DGMG, 2023). A la fin de l’année 2023, nous prévoyons une production totale d’environ 60 tonnes.

Le rapport 2021- 2022 sur l’état de la fraude en matière de commercialisation d’or et des autres substances précieuses indique qu’environ 30 tonnes d’or sortent illégalement du territoire burkinabè chaque année. Quels sont les dispositifs mis en place pour lutter contre la fraude dans le secteur minier ?

Pour lutter contre la fraude en matière de commercialisation de l’or et des autres substances précieuses au Burkina Faso, la Brigade Nationale Anti-Fraude de l’Or (BNAF) a été créée. Elle a pour rôle d’assurer en aval cette lutte contre la fraude, qui est beaucoup plus perceptible au niveau de l’exploitation artisanale au regard du rapport de l’INSD (2016) ; ce qui peut entrainer le blanchiment des capitaux ou le financement du terrorisme.

Pour ce qui concerne la DGMG, la lutte contre la fraude n’est pas une attribution majeure de la direction, mais elle contribue à l’image de la SONASP, en amont dans la formalisation, l’encadrement de l’activité artisanale et semi-mécanisée. Ce qui devrait permettre un meilleur contrôle de la commercialisation de l’or et des autres substances précieuses issus de l’exploitation artisanale et semi-mécanisée.

Dans le contexte actuel du Burkina Faso, quelles sont les difficultés majeures auxquelles les exploitants miniers sont confrontés ?

La difficulté majeure du secteur minier reste la sécurité qui a un impact sur la mobilisation de ressources financières pour le financement des projets de recherche ou sur l’exploitation minière. Mais la résilience manifeste des sociétés minières est assez remarquable et permet au secteur d’avoir une contribution importante aux recettes de l’Etat et au développement des communautés locales. L’une des difficultés à mentionner est la dualité entre exploitation minière artisanale et exploitation minière industrielle.

Quelles sont les dispositions prises par l’État pour résoudre ces difficultés ?

Les dispositions prises par l’Etat pour la résolution de ces difficultés sont diverses.

Premièrement, pour ce qui est de la sécurité, très tôt, l’Administration minière a entamé des discussions avec les sociétés minières ainsi que leur faîtière sur la question minière afin de voir ce qui peut être proposé pour une certaine résilience. Bien que la sécurisation des mines s’intègre dans une stratégie d’ensemble de sécurisation du pays, certains projets qui sont dans des zones d’insécurité majeures, ont bénéficié d’un soutien particulier de l’Etat dans le renforcement de la sécurité de

ces mines et dans la sécurisation des convois de ravitaillement de ces mines. En sus, des réformes sont en cours pour une opérationnalisation de l’Office National de la Sécurisation des Sites Miniers (ONASSIM) pour une meilleure sécurisation des sites miniers industriels, pour un meilleur encadrement sécuritaire de l’exploitation minière artisanale.

Deuxièmement, la problématique de la coexistence entre mines industrielles et mines artisanales a amené l’Etat à envisager la définition de couloirs ou de zones d’orpaillage, suivi de réformes qui devraient permettre à l’Etat d’être plus proches des artisans miniers pour la formalisation et pour l’encadrement. C’est à cet effet que la Journée de l’Artisan Minier (JAM) est organisée chaque année par l’Administration minière.

Source: Magazine SAMAO 2023

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